Note importante : Tarif basé sur le taux de change au 03 juin 2024. En cas de variation du taux de change, les tarifs devront être ajustés en concordance. Tous les tarifs sont soumis à modification si la Taxe de Valeur Ajoutée (TVA) est modifiée ou si de nouvelles taxes sont introduites.
Visite de la chambre magmatique : Âge minimum : 8 ans / Niveau de difficulté : modéré.
Partenaire aérien : Icelandair, compagnie régulière nationale.
Récit de notre voyage Copyright offert à Nord Espaces
INSIDE THE VOLCANO
L’Islande, terre de feu et de glace, offre une expérience inoubliable, à vivre absolument : la découverte de l’intérieur de la chambre magmatique du volcan Thrihnukagigur.
Cette expérience se mérite ! On laisse son véhicule sur un petit parking, perdu au milieu d’un désert de rocs, de lave, de mousse et de lichens. L’accès au volcan se fait par un sentier balisé, malaisé à emprunter pour qui n’est pas bien chaussé, duquel on ne s’écarte qu’à ses risques et périls : de nombreux trous s’ouvrent sous vos pas, vestiges d’anciens tunnels de lave dont l’exploration n’a pas encore été faite. 45 minutes d’une marche qui, sans être difficile, nécessite une attention certaine, vous amène au pied du volcan, où, dans un refuge accueillant, vous attendent une soupe chaude et votre guide, indispensable pour la suite de l’excursion. Là, vous vous équipez d’un harnais, d’un casque et d’une lampe, pour entreprendre l’ascension de l’ultime cône, afin d’accéder à la gueule du volcan, faille béante ouverte sur ce monde inconnu.
Une fois monté à bord d’une nacelle exiguë (qui paraît plus précaire qu’elle ne l’est réellement, même si elle ne peut contenir que quatre personnes), et dûment assujetti par le harnais à des câbles d’acier, la descente peut commencer, dans le ronronnement discret du moteur électrique. Les premières frayeurs sont provoquées par la forme particulière de la cheminée, dont la verticalité n’est pas parfaite : la nacelle frotte contre la roche, et c’est le guide qui repousse de ses bras la paroi pour épargner le garde-corps. L’orifice diminue, la lumière s’estompe, et la question que tous se posent (c’est quand qu’on arrive ?) finit par revêtir une acuité particulière. La cheminée s’évase enfin, et c’est alors qu’on se rend compte que ce n’est que le début. Obligeamment, le guide stoppe la descente, afin que vous vous rendiez bien compte que vous êtes suspendu, telle une araignée à son fil, au sommet d’une sphère creuse d’environ 120 mètres de diamètre, la chambre magmatique. Le faisceau de votre lampe se perd dans l’obscurité tout autour de vous, et, en se penchant sur la rambarde, il est possible d’apercevoir, très, très loin au-dessous, à votre aplomb, ce qui semble être de faibles lumignons. La descente reprend pendant plusieurs minutes, sous la légère pluie qui tombe de la voûte, jusqu’à découvrir, en approchant du sol, que les faibles lumignons sont en réalité de puissants projecteurs de 40 centimètres éclairant la plate-forme d’arrivée, sans toutefois que leurs rayons parviennent à vaincre cette obscurité compacte.
Le débarquement effectué, le silence est total, l’obscurité oppressante : nul souffle de vent, nul bruit d’animaux, votre voix elle-même ne vous revient pas dans cette matrice minérale. Car c’est bien d’une matrice qu’il s’agit, creuset titanesque dans lequel fut fondue la matière du monde d’en haut. C’est tout naturellement que Jules Verne vous revient à l’esprit : ce voyage au centre de la terre est une expérience à nulle autre pareille, qui vous pétrifie de modestie face à la puissance ayant créé ce lieu magique. Il faut que ce soit votre guide qui vous incite à escalader les monceaux d’éboulis en équilibre instable reposant sur le fond de la sphère pour que vous osiez vous approcher des parois. Et là, à la lueur de votre lampe frontale, se découvrent les couleurs les plus extraordinaires qui se puissent imaginer. Dans ce four titanesque, les chaleurs extrêmes ont gravé dans les roches les teintes les plus vives des oxydes les plus divers. C’est un éclaboussement de bleu, de rouge, de vert, dans lequel on retrouve le fer, le cobalt, le cuivre, et d’autres teintes encore dont seul un géologue averti saurait deviner l’origine. Sous certains angles, vous vous plaisez à deviner des reflets de rubis, de saphir, d’émeraude, voire de diamant (mais hélas, il ne s’agit que de reflets). Le temps passe si vite dans cette découverte qu’il faut vous rappeler que le temps du retour est échu. Et c’est à regret que vous ré-assurez votre baudrier sur la nacelle pour entamer la remontée. Un dernier émerveillement, au débouché de la cheminée : vous êtes assailli par les odeurs de l’air libre, de mousses, de lichens, de vie. Là en bas, présence minérale, absence olfactive, il aura fallu s’en extraire pour constater que nulle fragrance ne vient troubler l’atmosphère, nul parfum ne se rappelle à vous. Matrice du monde, mais matrice morte, usée par son travail, et qu’un prodigieux hasard a permis qu’elle soit découverte, et explorée.
Moment unique, demandant une certaine condition physique pour être vécu pleinement, il reste quelques temps encore à la seule portée d’un petit nombre d’happy few. Il est en effet question de forer horizontalement un tunnel permettant de déboucher directement dans la chambre magmatique, ce qui suscite l’ire profonde de notre guide ; il tient pour acquis que seul l’effort donne son prix réel au caractère exceptionnel de cette expérience, et que la venue d’un plus grand nombre ne pourra que dénaturer ce site magique. Pour l’avoir arpenté, je sais qu’il est dans le vrai : le centre de la terre ne se galvaude pas.