Un voyage à Pskov devient encore plus attractif depuis juillet 2019 : le Comité du Patrimoine Mondial de l’Unesco a validé l’inscription sur la liste du Patrimoine de l’Humanité des églises de l’école d’architecture de Pskov, au nord-ouest de la Fédération de Russie.
Cet ensemble d’édifices religieux (églises, cathédrales, monastères), de fortifications et de bâtiments d’Etat intègre la liste du Patrimoine de l’Humanité avant le très célèbre Monastère de la Miroja dans cette même ville de Pskov ; il rejoint sur cette liste de l’Unesco entre autres sites de Russie les monuments historiques médiévaux et les fresques du professeur d’Andreï Roublev de Novgorod, la première capitale de la Russie au 9ème siècle: la ville de Pskov et celle de Novgorod partagent et une histoire et une position géographique de proximité.
Le rayonnement de la ville hanséatique de Pskov du 14ème au 16ème siècle reconnu par l’Unesco :
Avec un nom qui semble sorti tout droit d’une aventure de Tintin comme « Le sceptre d’Ottokar » Pskov reste méconnue du public français. Sur les rives de la Velikaya, Pskov est l’une des plus vieilles villes de Russie avec Novgorod, puisqu’elle a plus de 1.100 ans. Mais Pskov a toujours eu un rôle clé pour la Russie par sa position géographique : c’est un verrou important en matière militaire pour résister aux envahisseurs venus de l’ouest, les livoniens et les allemands. On connait la Livonie par un roman de Jules Verne (un drame en Livonie : ) mais cette entité aujourd’hui n’existe plus, ayant été répartie entre la Pologne, la Lituanie, l’Estonie, la Lettonie tout au long des côtes de la Baltique. Les environs de Pskov sont connus au moins de tous les cinéphiles : le film « Alexandre Nevski » de Eisenstein et Vassiliev, sorti en 1938, avec une musique composée par Prokofiev, le créateur de « Pierre et le loup » se déroule à proximité de Pskov. Ce film de référence encore pour de nombreux réalisateurs (pour Guillermo del Toro – dont le film « la forme de l’eau » a obtenu 4 oscars dont celui du meilleur film en 2018) retrace un moment clé de l’histoire russe : la bataille menée par le prince Alexandre Nevski face à l’invasion de la Russie par les chevaliers teutoniques alliés aux chevaliers Porte-Glaive et aux livoniens. Film de propagande évident en 1938 pour rappeler à l’Allemagne la fin de l’expansion à l’Est des chevaliers teutoniques, il peut se regarder pour comprendre la Russie d’aujourd’hui et son histoire. Quoi qu’il en soit, la scène de la bataille sur le lac Peipous gelé, à quelques kilomètres de Pskov, reste étudiée 80 ans après son tournage, même si historiquement elle est plus que contestable.
Cette bataille se déroula le 5 avril 1242 mais Pskov ne connu la paix qu’un quart de siècle plus tard après la bataille de Rakvere (aujourd’hui en Estonie) gagnée par le chef militaire des armées russes, Daumantas (Dovmont en russe) dont le corps et l’épée reposent dans le kremlin de Pskov (son centre est encore appelé « la ville de Dovmont »). Dès lors, Pskov va se développer notamment grâce à son commerce jusqu’à intégrer la ligue hanséatique qu’on à l’habitude de limiter au pourtour de la Baltique. Pskov a donc toute sa place dans la programmation de Nord Espaces aux côtés de Bergen, Visby ou Riga. Ce rayonnement international permis la promulgation à la fin du 15ème siècle de la Charte de Pskov, à l’origine du Soudiebnik, le premier Code Civil russe. Autant de raison d’aller visiter Pskov pour comprendre l’âme russe, revisiter son histoire, d’autant que les dernières paroles du film Alexandre Nevski (ce film, rappelons-le de propagande de 1938) sont claires :
« Allez et dites à tous dans les contrées étrangères que la Russie est vivante. Qu’ils viennent chez nous en invités. Mais celui qui viendra chez nous avec une épée périra par l’épée. Telle est et sera la loi de la terre russe. »
Alors allons-y en invités …
Aller sur les chemins de l’Histoire en Russie
Être à Pskov, c’est aller sur les chemins de l’Histoire : la ville a soutenu 26 sièges au cours du seul 15ème siècle avant d’intégrer – de force – la Moscovie, épisode dont Rimski-Korsakov tirera un opéra : la jeune fille de Pskov. Pskov est la ville où le dernier tsar abdiqua.
Nicolas II avance l’heure de signature de l’acte d’abdication à 15 h 05, pour ne pas donner l’impression qu’il a signé sous la pression des députés de la Douma. Même s‘il assume seul cette décision, le tsar est un homme brisé. Dans son journal, il note: « A 1 heure du matin (le 16 mars) j’ai quitté Pskov. La tricherie, la lâcheté et la tromperie sont partout.”
Nicolas II remettant son acte d’abdication. De gauche à droite : le baron Frederick, le Général Rousski (de dos), Choulguine, Goutchkov (qui tient l’acte dans sa main), le général Alexeïev
Le rôle de Pskov comme frontière avait alors déjà décliné avec la montée en puissance de Saint Pétersbourg, voulue par Pierre le Grand comme une fenêtre sur l’Europe. Et aller de Pskov à Saint Pétersbourg – 260 km – permet au prix d’un petit détour d’aller voir Novgorod et de continuer sur les chemins de l’Histoire. Partir de Pskov pour remonter vers le Nord jusqu’à la Mer Blanche, c’est réellement inscrire ses pas dans des endroits où le génie humain côtoie la tragédie. C’est ce mélange unique peut être qui fera dire que la Russie est une énigme enrobée de mystère, et qu’un voyage permet d’approcher. C’est ce que propose Nord Espaces avec un voyage en petit groupe, unique par son fil conducteur ; il va permettre d’approcher des sites qui figurent sur la liste du Patrimoine de l’Humanité de l’Unesco, mais aussi des sites qui figurent dans les manuels d’histoire, avec l’idée d’effleurer l’âme russe. Ce voyage sur les lieux mythiques débute justement à Pskov.
Julia Snegur
Julia, diplômée en sociologie et en géopolitique, grande voyageuse, notre chère collègue et responsable de la communication
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