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OBSERVER LES OURS AU LAC KOURILE AU KAMTCHATKA

9 septembre 2017
  • Culture & Géo / Alerte TV
  • Nord Espaces a testé pour vous…
  • Récits & Carnets de voyage

Ahhhh c’est une sacrée expérience d’observer les ours au Lac Kourile, au Kamtchatka ! Le lac Kourile, d’origine volcanique, se situe au sud du Kamtchatka et n’est accessible qu’en hélicoptère. Il s’est formé il y a plus de 8.000 ans après une éruption volcanique hors normes. : le volume de matières éjectées par le volcan est évalué à plus de 100 km3 ; la cendre volcanique est arrivée jusqu’à Magadan en Yakoutie, parcourant une distance de 1.000 km.  Aujourd’hui encore, le village de Stekolnoe situé dans la région de Magadan fabrique des bouteilles à partir de verre volcanique. L’épicentre de l’éruption s’est effondré, formant une dépression de plusieurs kilomètres de diamètre. C’est là que le lac Kourile s’est formé.

Le lac Kourile est connu pour la présence et la forte densité de ses ours, attirés par les milliers de saumons qui remontent la rivière Ozernaya depuis la mer d’Okhotsk. Les ours ont quadrillé et partagé le lac ainsi que ses environs. Ils pêchent à volonté sur les berges du lac, mais aussi dans les ruisseaux et les rivières qui s’y jettent.

Le lac Kourile attire des milliers des photographes animaliers. Observer l’un des plus gros ours terrestre d’aussi près et pouvoir le photographier en train de pêcher sont autant de moments inoubliables. De manière générale les ours ne sont agressifs que quand ils se sentent agressés. Mes amis du Kamtchatka me parlent encore de Michio Hoshino, photographe japonais mondialement connu pour ses photographies en Alaska, tragiquement mort au lac Kourile en 1996. Les ours sont curieux comme peuvent l’être des bêtes rassasiés et paresseuses. Michio s’était lancé le défi de les photographier au plus près et quand l’animal s’approchait de trop près, il utilisait un moyen de défense simple, toujours vendu dans les commerces de chasse de Petropavlovsk : une bombe aérosol au poivre. Une malheureuse nuit, alors qu’il participait au tournage d’un documentaire pour la télévision japonaise, il aurait refusé de dormir dans la cabane aménagée pour les photographes et a planté sa tente juste en bordure du lac. Le drame est survenu à 4 heures du matin quand un ours s’est introduit dans la tente et a embarqué Michio dans les buissons. L’équipe de tournage accourue sur place n’a rien pu faire et les chasseurs venus abattre la bête le jour même n’ont trouvé que la moitié du corps du pauvre Michio.

Depuis, la direction du parc a tout transformé et organisé pour la sécurité des photographes et des touristes. Si voir un ours dans la nature est très probable lors de votre voyage en Kamtchatka, vous êtes certains de voir LES ours au lac Kourile. Le camp des « visiteurs » est entouré par un filet électrique et les touristes sont en permanence accompagnés par un ranger armé d’un fusil.

Cette année, au départ de Petropavlosk Kamchatsky, nous avons dû attendre un peu sur le tarmac, le temps que le passage se dégage, puisqu’il y a environ 1 heure de vol jusqu’au lac. Notre appareil a été le premier à atterrir parce qu’il faut dire la vérité : le lac Kourile est devenu un point d’attraction touristique majeur et mondialement connu, où tous les touristes de passage au Kamtchatka rêvent de se rendre.

Nous commençons notre découverte du Lac Kourile par le cordon « Ozerny », l’endroit où la rivière Ozernaya se jette dans le lac. Il y a bien longtemps que l’Institut russe, dît du Pacifique, spécialisé dans l’étude et la protection des animaux aquatiques s’est installé ici de manière à compter la quantité des saumons qui rentrent dans le lac pour frayer. Naturellement, lors de la montaison, les poissons s’entassent par milliers dans le Lac Kourile où leur seul grand prédateur est l’ours. Ils sont toujours là, les petits, les gros, les ados. Ils pêchent paresseusement tant c’est facile ; les petits s’amusent plus qu’ils pêchent et ils n’ont absolument rien à faire des dizaines de paires d’yeux humains qui les observent, même avec des appareils photographiques compliqués. Ils rôdent tranquillement à 5 mètres de nous comme des vaches.

C’est impressionnant mais je suis quand même gênée par le fil électrique et deux dizaines de personnes autours dont celles qui émettent des gémissements du type « trooooop mignon »… Bien sûr, c’est nous qui sommes entourés de fils électriques et les ours sont chez eux, mais tout ça ne ressemble pas vraiment à ce qu’on vit quand on observe la bête dans la nature où les seules séparations entre l’animal et nous sont le bon sens, l’instinct et l’intelligence des deux.

Après cette première observation, on embarque dans de petits bateaux à moteur pour faire une séance d’observation à partir du lac des ours en train de pêcher. Là ça me plaît bien plus. Ils sont une trentaine et le spectacle est fabuleux.

Chaque ours semble adopter une tactique selon son humeur, sa paresse, sa faim, ses habitudes : par exemple, avant même que nous entendions les clapotis et les remous d’une bande des saumons qui arrive, l’ours se jette déjà dans l’eau. En procédant par des bonds puissants qui propulsent sa masse de plusieurs centaines de kilos de muscles dans l’eau, l’ours provoque des gerbes d’eau, des vagues sur la surface paisible du lac.

Le plus souvent, l’ours ressort mouillé, l’eau ruisselant de son pelage brun, mais avec un poisson dans la gueule, qu’il va aller tailler délicatement avec ses griffes ou ses dents sur la berge.

Une autre méthode consiste à plonger son museau dans l’eau et rôder doucement les yeux ouverts afin d’attraper le poisson qui ne se doute de rien.

Performance inoubliable, mas limitée dans le temps : on ne sait pas s’il faut observer, prendre les photos ou mettre appareil en mode vidéo. Comme dit Bernard faisant partie de la promotion Opéra Sauvage 2017 « un stress intense pour ceux qui viennent pour la photographie ». Pour l’éviter, sachez qu’il est possible de passer plusieurs nuits au lac Kourile, donc de pouvoir prendre son temps, … moyennant une petite fortune.

Très clairement, l’excursion vaut la peine mais nous sommes tous unanimes : elle complète certainement, mais ne remplace pas nos ours observés en pleine nature sur la route, dans les buissons, sur un lac Azhabatchié où nous sommes face à l’animal sans personne autour de nous.

Cette sortie était d’autant plus très appréciée grâce aux pilotes d’hélicoptère : hautement qualifiés, ils ont réussi en plus à poser leur appareil sur le volcan Ksoudatch, entre les deux lacs près du cône de Shtubel qui a fait sa dernière éruption en 1907 quand la cendre a volé jusqu’à Petropavlovsk-Kamtchatsky.

Le cratère du Shtubel est occupé par un lac qui porte ce même nom. Les parois sont abruptes et dangereuses. On entend la roche qui se décroche de temps en autre et se précipite en bas en emportant au passage des pierres et du sable. Quand le soleil se pose sur le mur du cratère, il prend des couleurs extraordinaires !

Le bleu du lac aspire le regard et donne envie de s’approcher du bord … mais … surtout pas !

Le dernier arrêt de nos pilotes du jour se fera près du volcan Khodutka. Dans une vallée, près de 22 sources chaudes forment ensemble une rivière de 4 kilomètres. Dans cette rivière chaude, la température peut atteindre 49°C. Large de 15-20 mètres, sa profondeur n’est que d’un mètre et demi. La vapeur plane au-dessus d’elle comme un brouillard.

Près des berges, des algues thermophiles s’épanouissent ; quelques courageux Nicolas, Daniel, Philippe et Etienne se jettent dans l’eau. En attendant nos pilotes font la cueillette de champignons : des girolles, immenses, sont partout.

Après tout cela, on embarque pour le retour ; je suis invitée à rejoindre les pilotes dans le cockpit : j’ai ma place assise sur l’autopilote. « On y va ? », me demande Vadim avec un clin d’œil que je devine. Je sais bien de quoi il parle. « On y va, capitaine », je lui réponds sans cacher ma joie et sans retenir mon sourire : nous allons dévier de notre trajectoire de retour direct pour survoler le cratère fumant du volcan Moutnovsky, son lac et ses glaciers.

On sentira l’odeur du souffre bien avant ! Et maintenant on est tout juste au-dessus ! L’hélicoptère fera plusieurs tours afin que tout le monde puisse voir l’antre du cratère mais aussi son lac du cratère intermédiaire. Oleg, ingénieur du bord, me tient par épaule, mais j’ai l’habitude : j’ai déjà bien bloqué ma position avec mes deux jambes pour ne pas me déporter au moment des virages, étant assise sur la petite boite d’autopilote au milieu.

Mon Dieu qu’est-ce que c’est beau et qu’est-ce que j’ai de la chance !

Merci à tout notre groupe (Bernard, Christine, Nicole, Roselyne, Laurence, Nicolas, Daniel, Philippe, Etienne, Geneviève, Christine « again », Josiane, Bernard « again », Valérie et Jérémy)  d’avoir partagé cette aventure avec Nord Espaces.

Observer les ours au lac Kourile est un point important de notre voyage annuel au Kamtchatka « Opéra Sauvage »,  (ou sur notre site Boréalis ),  proposé aux voyageurs désirant découvrir la terre du Kamtchatka dans son ensemble du nord au sud : volcans, ours, saumons, peuples, cultures, gastronomies et tant d’autres choses. A suivre : Prochains articles Vallée des geysers. Volcan Tolbachik – Planète Mars.

Julia Rugens

  • kamtchatka
  • ours
  • Russie

Julia Snegur

Julia, diplômée en sociologie et en géopolitique, grande voyageuse, notre chère collègue et responsable de la communication

A propos de l'auteur

Julia Snegur

Julia, diplômée en sociologie et en géopolitique, grande voyageuse, notre chère collègue et responsable de la communication

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