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MON BAPTEME DE PHOTOGRAPHE ANIMALIER

15 mai 2017
  • Nord Espaces a testé pour vous…
  • Récits & Carnets de voyage

La Finlande entretient sa réputation du pays paradis pour photographes animaliers : des ours, des chouettes, des loups, des rennes, des élans, des gloutons, des lynx, … Je me demande si mes amis de Nord Espaces ne pourraient pas se laisser tenter par un voyage « photographie animalière » ou même une simple découverte d’une faune européenne unique en son genre. Après tout la Carélie qui s’étend de part et d’autre de la frontière entre la Russie et la Finlande est à l’écart des grandes migrations touristiques hivernales qui se concentre sur la Laponie.

Et puis, il y a les caréliens, un peuple à la langue spécifique qui vit en harmonie avec la nature : il n’est pas rare en allant ramasser des fraises des bois ou des myrtilles de voir un ours attiré lui aussi par les fruits ou les champignons. Donc en route pour un voyage de repérage, avec une place importante accordée à la photographie animalière nordique.

Sur les traces des loups

Le premier jour, accompagnée d’un naturaliste, je pars sur les traces des loups, ceux que tout le monde entend hurler dans les alentours puisqu’ils sont attirés par un tas de viande, une carcasse quelque part sur une île au milieu d’un lac, actuellement encore gelé alors que nous sommes en mai. Au début de la nuit, nous quittons la route principale pour arriver à pied au bord du lac. Mon guide m’indique la « direction » où repose la dépouille « congelée » de renne et où on a aperçu des loups qui la dispute à un ours. Après de longues minutes d’attente, il va tenter d’attirer l’attention des loups…

Il me laisse seule, dans la forêt hivernale en train de sombrer dans le noir. A la différence de mon expérience nocturne dans la forêt tropicale en Colombie, le silence règne ici… L’hiver a tout ensorcelé, figé par le froid. L’horizon devient rose, les couleurs foncent progressivement. Je lève la tête à la recherche de lumière et par le plus grand des hasards j’aperçois dans cette forêt, meurtrie par le froid et le silence, le vol d’une chouette lapone ; elle vient se poser sans faire le moindre bruit sur une branche presque au-dessus de moi, s’interrogeant probablement sur ma présence. Magique… Elle est partie aussi vite, silencieuse… en me laissant seule.

Le ciel est bientôt parsemé d’étoiles et la lune, ravissante, se moque de moi, assise sur la mousse, dos contre l’arbre. Il fait tellement noir que je n’ai plus besoin ni de mes jumelles, ni de mon appareil photo. Le temps passe et mon espoir de voir un loup s’évapore comme un rêve d’enfant. Tout à coup j’entends un hurlement de loup, … Tant attendu,… Ce n’est qu’une performance réussie de mon guide qu’il va reproduire au moins 4 fois en espérant une réponse animale. Ça devient tellement comique. Un dessin du caricaturiste Voutch surgit dans mon mémoire : « mais voyons Béatrice tu t’attendais à quoi exactement ? … »

A la recherche des chouettes

Jour deux. Encouragée par les récits d’un jeune chercheur ornithologue parcourant quotidiennement la forêt, je me prépare à une randonnée en raquettes pour photographier quantité de chouettes repérées et répertoriées dans cette région.

La neige est profonde et malgré mon poids de « chèvre », dixit ma mère, je m’enfonce jusqu’aux genoux et parfois même jusqu’aux fesses. La neige est tassée, pas assez pour me soutenir mais suffisamment pour coincer une raquette au fond du trou. Et de nouveau je produis une scène de comédie puisque je ressemble à une bestiole qui plonge sa tête dans une tanière profonde en laissant son derrière à l’extérieur. Crevés, nous rentrons après des kilomètres de marche dans la neige profonde, dans un très joli paysage et sous un ciel bleu d’une grande pureté. Mais aucune chouette, aucun autre animal, la poisse !

UN OURS !

Mais aujourd’hui, jour 3, ce sera différent ! 2 nuits dans un établissement spécialisé depuis plus de 20 ans en observation d’ours, de loups et de gloutons (le volwerine, un prédateur féroce aux griffes d’ours), connu des photographes professionnels. Des cabanes aménagées, des affûts construits pour les photographes et des appâts spécialement déposés, mes batteries chargées à bloc, je sens le succès de l’opération. A 17h, nous partons sur le plateau où sont groupées une demi-douzaine de cabanes pour nous y enfermer pour plus de 15h. Autour de moi, des professionnels « lourdement armés » avec des dizaine de kilos du matériel coûteux ; je suis rassurée. Nous sommes deux dans la cabane, on ne parle pas, on fixe l’horizon et un appât au loin où une brigade de corbeaux se déploie aussitôt.

C’est long… Un aigle, intimidé, n’aura droit à rien, tenu en respect par quelques corbeaux pendant que d’autres font ripaille, avant d’inverser les rôles. La nuit est tombée, rien à signaler… Je lis le journal de bord de la cabane, un cahier à spirales où ceux qui m’ont précédée ont consigné leurs impressions. Des commentaires flatteurs m’énervent. Je commence à m’endormir. A 3 heures du matin, on me réveille par un coup peu délicat, UN OURS !!!! Enfin, au loin.

Au bout de 5 minutes à peine, après avoir chassé les corbeaux et pris un petit, mais vraiment petit déjeuner, il se sauve dans la forêt. On vient nous chercher vers 8 heures du matin…Pour nous consoler au retour, un bon petit déjeuner maison, le sauna et le thé chaud. J’avoue que j’aurais apprécié bien plus un whisky vu les circonstances.

Dernière nuit dans l’affut dans l’attente des gloutons

Désespérée, je vais refaire la même expérience dans un autre affut le jour 4 pour tenter de voir les gloutons. Cette fois un grand photographe finlandais nous accompagne, une légende. C’est avec beaucoup d’admiration que j’observe cet homme à la patience de python passer des heures à scruter une carcasse déposée cette fois-ci à peine 10 mètres de notre cabane, à travers les petits regards de la cabane.

Mais même une légende ne peut rien si la Nature a décidé d’être vache avec vous. Je reçois un instant un texto d’un photographe français qui retentait l’affut d’hier : « ours ! depuis 10 minutes, tout prêt ! ». Comment dire…

Photographie animalière : patience est une vertu

Alors à chaque fois que vous vous extasiez devant une magnifique photographie animalière, dîtes-vous que l’auteur a probablement passé des heures, des jours et des nuits à traquer ce cliché. A chaque fois que vous regardez un documentaire animalier, dîtes vous la même chose : ce sont parfois des mois de travail, de patience, de volonté. Et quand vous partez en voyage, vous n’avez qu’à prier : la vie sauvage n’a pas de règles et surtout pas de règles de rentabilité. Dîtes vous bien que vous débourserez entre 180 et 300 euros pour la nuit dans une cabane, pas ou mal chauffée, pour peut-être ne rien voir. C’est pourquoi la photographie animalière doit être votre grande passion puisque tout cela ressemble à la roulette russe. La Nature commande. Et bien évidemment je suis frustrée !!! Mais quand j’ai vu quelques images amicalement offertes par quelques photographes animaliers professionnels que je partage volontiers, j’ai décidé sur le champ de retenter ma chance. Ces images valent bien le coup de passer quelques nuits blanches en cabane ! La patience est une vertu, mais la préparation au voyage est aussi essentielle.

Tenté par un voyage « photographie animalière » ?

Après ce défrichage et avoir intégré les conseils, astuces et endroits secrets dévoilés par des photographes animaliers professionnels, je suis bien armée pour vous construire votre voyage : si vous tenez absolument à photographier un ours, un glouton, (oubliez le lynx, bien plus difficile à surprendre qu’un léopard en Afrique) et pour ne pas vous en remettre uniquement à la chance, il faudra un nombre suffisant de nuits en affut adapté (il y a une vingtaine de sites possibles) en tenant compte de la fatigue, un placement propice par rapport à l’appât, la présence d’un guide naturaliste qui pourra malgré les aléas au moins vous renseigner sur les traces laissées dans la terre ou la neige et vous aider à pister les animaux qui vous intéressent en vous renseignant sur leur vie dans les forêts de Carélie.

  • finlande
  • photographie
  • photographie animalière

Julia Snegur

Julia, diplômée en sociologie et en géopolitique, grande voyageuse, notre chère collègue et responsable de la communication

A propos de l'auteur

Julia Snegur

Julia, diplômée en sociologie et en géopolitique, grande voyageuse, notre chère collègue et responsable de la communication

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