Kazan : le chaudron, point de rencontre

La coupe du monde de football est l’occasion de découvrir que Kazan, l’une des villes de Russie qui accueillera des compétitions, capitale de la République du Tatarstan (oui la Russie est un état fédéral comme les Etats-Unis) tient son nom d’un mot tatar signifiant « Chaudron »… C’est ce même mot qui désigne aujourd’hui encore le stade Geoffroy-Guichard de Saint Etienne , sans oublier nos amis portelois (Le Portel – 62) amateurs eux de basket dont la salle de sport  a repris elle aussi ce nom depuis 2015 :  Mais Kazan, avec 1,2 million d’habitants, est surtout le point de rencontre et de dialogue entre des cultures : lieu de rencontre de l’Occident et de l’Orient, de l’orthodoxie et d’autres religions.

Centre de la culture tatar aux racines turques mais aussi bulgares, centre religieux musulman avec comme symbole la plus grande mosquée d’Europe inaugurée en 2005, la ville accueille aussi dans une parfaite harmonie des minorités catholiques, juives et même baha’i, fondée par un perse et dont le centre spirituel est en Israël.

Le chaudron doit donc plus être interprété comme le lieu où se mélangent tous les ingrédients du bien-vivre ensemble … Sauf peut-être dans le film Quantum of Solace, dont la fin se déroule à Kazan, même si la ville n’y est pas présentée : le film propose une entrée anonyme d’immeuble, sous la neige russe forcément, un sous-titre informant que le spectateur est déplacé dans la capitale du Tatarstan, pour la rencontre entre James Bond et le traitre Yusef Kabira…

Située à 720 km à l’est de Moscou, il est vrai que le climat continental de Kazan peut refroidir en hiver puisqu’en janvier 1942, les thermomètres sont descendus jusqu’à moins 47°C. L’autre extrême a été enregistré en 2010, en juillet, avec une température de + 39°C. La température moyenne en été reste agréable, qu’on se rassure, avec 25C°.

Ce qui surprendra le voyageur arrivant a Kazan, c’est la modernité de la ville : c’est l’une des villes les plus modernes et neuves de Russie. Alors qu’on estime que la région commence à se peupler au 7^ème siècle, qu’elle sera intégrée à la Horde d’Or du royaume mongol au 13^ème siècle, qu’Ivan le Terrible arrivera à conquérir Kazan en 1553, la capitale du Tatarstan présente une image resplendissante ! La raison est simple : en août 2005, la ville a fêté officiellement ses 1.000 ans d’existence. A cette occasion, la Mosquée Bleue détruite par Ivan le Terrible a été reconstruite dans le Kremlin de Kazan, la forteresse de la ville, à proximité immédiate de la cathédrale orthodoxe en témoignage de la concorde qui existe ici.

Plus globalement la ville a été transformée en profondeur, mais quelques maisons en bois du quartier ancien de Kazan résistent encore et n’ont pas empêché la ville d’accueillir les universiades d’été en 2013 : les universiades, comme les Jeux Olympiques sont des compétitions sportives internationales (13.500 athlètes de 170 pays à Kazan). C’est à cette occasion qu’a été construit le stade Kazan Arena où se sont déroulés les cérémonies d’ouverture et de clôture de ces universiades. Au bord de la rivière Kazanka, son esthétique s’harmonise avec l’urbanisme post 2005 de Kazan, ressemblant à un nénuphar lorsqu’il est vu du ciel.

Ce creuset culturel qu’est Kazan, cette ouverture humaine a permis à la ville de développer une approche intellectuelle et culturelle unique. Tolstoï, l’auteur de Guerre et Paix a étudié à Kazan, tout comme Lénine. Et si l’on parle de culture, il est impossible d’oublier Gala Dali, muse et épouse du poète Paul Eluard (le poème Liberté), puis muse et épouse de Salvador Dali : elle est née le 7 septembre 1894 à Kazan et s’appelait en réalité Elena Ivanovna Diakonova.

Kazan, au-delà de son architecture rénovée s’appuyant sur une richesse historique méconnue, n’a pas négligé ses transports urbains : le tramway électrique y fonctionne depuis … 1899 et a connu jusqu’à 23 lignes différentes. Aujourd’hui elles ne sont plus que 6 sur 120 km de voies et 87 stations, mais un métro est venu en soutien depuis … 2005 évidemment.

Preuve du point de rencontre qu’est Kazan, la ville compte deux gares ferroviaires qui permettent soit d’aller vers l’ouest (Moscou) soit vers l’Est (la Sibérie), et qui en 2021 permettront aussi l’accueil des Lignes à Grande Vitesse LGV – de technologie chinoise – permettant de relier en quelques heures Moscou.

Enfin tout voyageur de passage à Kazan devra programmer le temps nécessaire à la visite du Marché Central : ancien point de rassemblement des kolkhozes dont il conservera longtemps le nom, fenêtre sur l’Orient, point de rencontre sur près de 3 hectares avec les terrains adjacents de tous les vendeurs et acheteurs autour de Kazan, on y trouve tout, des produits alimentaires aux antiquités en passant par les souvenirs. Et comme le voyageur est déjà en Orient, le marchandage est obligatoire.

En Russie, Kazan est aussi célèbre pour son expertise aéronautique avec les usines fabriquant les célèbres hélicoptères Mi8 et Mi 17 ou des usines Tupolev.

Kazan est facilement accessible et de multiples façons : aéroport (à 22 km de la ville, reliant Moscou ou Saint Pétersbourg, train, route sans oublier la Volga : les croisières qui proposent la découverte du sud de la Russie (Moscou – Astrakhan ) font forcément un arrêt à Kazan : la capitale du Tatarstan mérite largement un arrêt et plus encore : la vieille ville mêlant influences orientales et occidentales a quelque chose d’unique. Le Kremlin de Kazan justifie à lui seul l’inscription de Kazan sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité établie par l’Unesco : il regroupe, derrière ses murailles, des palais (celui du Gouverneur notamment), la superbe Cathédrale de l’annonciation et donc la Mosquée Bleue. Le tour de ville proposé lors de la journée à Kazan durant la croisière Moscou-Astrakhan permet d’appréhender le cours tumultueux de l’Histoire, depuis la Horde d’Or jusqu’aux festivités du Millénaire. Un voyage en Transsibérien peut vous faire découvrir la ville de Kazan davantage.  Enfin, un voyage sur mesure à Kazan sera à la hauteur de votre curiosité.