3 heures du matin … J’ouvre les yeux le décalage horaire me jouant des tours. Je regarde à travers mon hublot, il fait encore nuit noire mais je sens comme une agitation sur le navire. Cette nuit nous avons fait escale à Natashquan puis Kegaska, petite localité où la route s’arrête et cela va prendre tout son sens.
Curieuse, Je sors de ma cabine et tombe nez à nez avec les nombreux membres d’une famille Innu qui a dû s’installer à bord pendant la nuit. Je suis émerveillée par cette rencontre bien matinale. Nous nous échangeons quelques regards, quelques sourires, quelques mots … les enfants sont incroyablement beaux. Ils descendront au prochain village Innu, La Romaine – Umanen Shipu, notre prochaine escale, uniquement accessible par voie maritime ou par les airs.
La navigation reprend son cours. Nous longeons les côtes dotées d’extraordinaires paysages. Je ne me lasse pas de cette vue, bien confortablement installée à l’extérieur en plein soleil au pont 8. Pas le temps de s’ennuyer à bord entre les escales : repas, discussions entre passagers, échanges avec les membres d’équipage toujours à l’écoute, animations par Isabelle autour des villages ou encore des richesses de la mer … Moi qui vit d’ordinaire a 200 à l’heure, je me laisse porter à bord et je profite !
Un membre d’équipage m’avertit que nous allons bientôt arriver à Harrington Harbour et que la vue du pont 6 à tribord ( à droite donc) est tout simplement incroyable. Je m’y précipite.
Harrington Harbour – charmant village d’à peine 300 âmes – est devenu célèbre en 2003 suite au film La Grande Séduction, mettant en scène des villageois québécois cherchant à tout prix à retenir un médecin venu de la ville. Ici tout n’est que charmantes maisons colorées, passerelles en bois ou le quad est l’unique moyen de locomotion et la vue à 360 degrés sur la mer est une vraie régal. J’y ressens une telle plénitude lors de ma balade. Je me rends faire quelques achats à la supérette qui à elle seule est un grand moment d’exploration : on y trouve mélangé tout ce qui peut être nécessaire aux villageois, de la nourriture aux articles de bricolages, dans un joyeux bazar organisé. Je m’en donne à cœur joie devant chaque rayon.
Je photographie, je filme, je profite encore quelques instants de ces paysages extraordinaires du bout du monde avant de retrouver ma Bella et sa navigation vers notre prochaine étape, Tête-à-la-Baleine.
Le jour se couche et les couleurs qui en découlent sont incroyables et je suis toujours émerveillée par les splendides couleurs du Grand Nord.
Bella accoste et je fais connaissance avec Nicole – notre guide pour la soirée – et son bus jaune pour écoliers. Tous à bord, il est temps de partir pour ce village de quelques 125 âmes qui se trouve à 11 kilomètres du quai. Le crépuscule et la pleine lune nous laissent deviner la route et les chapelets d’îlots que nous traversons … Je m’imagine alors ce paysage en plein jour, de toute beauté.
Nicole nous conte son village, son histoire, la vie des baleineaux dans ce coin reculé non desservi par la route, l’école avec ses 14 élèves, le centre de santé, l’entraide entre les habitants. Quelle organisation ! Tout est mis en œuvre dans ces communautés pour le bien être des habitants et l’entente y est étonnante.
Mais il est déjà temps de rentrer, Nicole nous raccompagne au navire et je me réjouis de ces quelques heures passées ici, à connaître et mieux comprendre la vie des baleinaux.
5h30 … Il est tôt mais Isabelle, notre responsable des animations nous a recommandé la veille de ne pas rater le levé du soleil à Saint Augustin. Quel merveille ! Les paysages sont à couper le souffle … L’astre se lève sur un ciel dégagé et commence à éclairer les îles de l’archipel des Rigolets au travers desquelles nous slalomerons pour rejoindre la mer et Blanc-Sablon.
Dernière matinée en mer! Je profiterais de ces dernières heures dans le détroit de Belle Isle pour admirer le spectacle d’un groupe de petits rorquals, prendre le soleil sur le pont 8 tout en échangeant avec mes camarades québécois de voyage, deviner au loin les côtes de Terre-Neuve avant de rejoindre Blanc-Sablon, ancien important port de pêche au XVIeme siècle et aujourd’hui petite municipalité de 1118 habitants environ.
J’aime cette région, ce Québec surprenant, différent … Et je rêve déjà à mon prochain voyage vers ce Canada que j’aime tant.
Julia Snegur
Julia, diplômée en sociologie et en géopolitique, grande voyageuse, notre chère collègue et responsable de la communication
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